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Femmes, vélos & libertés : osons !

  • Photo du rédacteur: Karine Lassus
    Karine Lassus
  • 7 oct.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 oct.


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Il est des sujets de plus en plus d’actualité, et pourtant, très peu osent s’en emparer. Par peur, sans doute, de tomber dans les clichés. Par peur, peut-être, du faux-pas. Chez Cyfac, on n’a pas peur d’avancer, on teste, on ose, on innove. En 2024, Aymeric Le Brun, directeur de la manufacture, lançait la 1ère édition de Femmes, vélos & libertés. Un succès qui appelait une suite. La saison 2 avait lieu le 5 septembre dernier à Tours, devant une centaine de participant(e)s. Deux social rides (en mixité), trois tables rondes, douze intervenantes, autant de parcours différents. Mais un fil conducteur : l’envie d’oser.


Oser parler


« Si l’on évoque souvent le pouvoir transformateur du vélo sur les villes et les territoires, on oublie parfois de dire qu’il transforme aussi les individus ». Cette phrase, elle est signée Maryline Robalo, cofondatrice et directrice de Cycl’Avenir. Et elle résume assez bien le contenu des échanges, ou comment le vélo peut être un formidable outil d’émancipation sur la route… et dans son quotidien !

Car il n’y a pas une mais des réalités diverses derrière le parcours de toutes ces femmes. Chez Cycl’Avenir, on accompagne des femmes en situation de précarité ou d’exil, souvent empêchées par leur genre, dans l’apprentissage du vélo. Des femmes pour qui se (re)mettre en selle, c’est aussi se remettre debout, gagner en autonomie. Fatima Tounsi, désormais ambassadrice, avait suivi le programme "En selle, le vélo pour toutes" en 2021. Elle y a appris à reprendre confiance, à se déplacer seule, mais aussi à s’affirmer, dans son travail et dans sa vie de famille : « Prenez votre place, imposez-vous ! Cette phrase qu’on nous répète à l’association revient comme un mantra », explique Fatima, des étoiles plein les yeux quand elle parle de vélo.


Oser montrer la diversité


Pour Coline Dominguez et Sophie Gateau, respectivement illustratrice et réalisatrice, c’est à travers leur travail artistique qu’elles entendent illustrer toutes les réalités, qu’elles soient sociales, culturelles ou corporelles. En travaillant sur son exposition "Le vélo, une histoire de femmes", Coline a voulu retracer l’évolution du rapport des femmes au vélo, voire même du regard de la société sur les femmes à vélo. « Du pantalon Boomer au modèle Col de cygne, en passant aujourd’hui par le renouveau du Tour féminin, l’histoire témoigne à quel point la pratique du vélo et la recherche de libertés sont intimement liés ! ».



Liberté, mais aussi visibilité, dans l’espace public comme dans les médias. Un besoin rappelé par Sophie pour qui la diversité est un axe essentiel : « il nous faut casser les clichés véhiculés dans les médias, cette image d’un vélo réservé aux femmes blanches super fit ! C’est de notre ressort d’inspirer au maximum, de montrer que tout le monde peut y aller ». Comme Sophie, Eva Cordioli, illustre, à travers son exposition photo "Femmes à vélo", toute la pluralité des pratiques, à travers des portraits de « femmes ordinaires qui font des choses extraordinaires ».


Oser entreprendre


Pour autant, on ne va pas se mentir, le secteur du vélo est longtemps resté la chasse gardée des hommes. Il peut encore être difficile, pour une femme, d’y faire son trou. Et pourtant, elles sont de plus en plus nombreuses à oser se lancer, à créer, innover. Un constat qui pourra prochainement être étayé par des données, et une étude en cours portée par la filière économique France Vélo « Trop peu de chiffres existent sur la place des femmes dans l’économie du vélo. Il faut rendre visibles celles qui s’engagent, favoriser la sororité », défend Florence Gall, déléguée générale de la filière.

Priscillia Petitjean, fondatrice des Ateliers de l’Audace, en est convaincue : « Le vélo est une formidable opportunité pour donner un tempo, inventer d’autres modèles. Mais attention à ne pas retomber dans les travers de l’industrie, à nous de faire différemment, d’être plus inclusif », pour transformer le secteur, en profondeur. Et pour faire évoluer les choses, il faut savoir s’auto-saisir de certains sujets : « Je me souviens de campagne de communication en 2016, avec des femmes à moitié nues, sans rien sous les bretelles du cuissard ! J’ai eu envie de changer ça avec Matchy, de créer une marque mixte, française et éco-responsable », avance Flore Gindre.



Oser entreprendre, c’est aussi faire sa place dans des métiers où les femmes restent minoritaires. Mais toutes l’ont rappelé : l’avenir du vélo sera plus riche s’il se conjugue au féminin. Ça n’est pas un slogan mais une réalité économique.


Oser repousser les limites


Réinventer les codes, ça demande aussi parfois de surmonter ses peurs, d’affronter ses émotions, de se challenger, mentalement et physiquement. D’y aller au culot. La longue distance, c’est un peu tout ça à la fois : la volonté de s’émanciper et de s’engager, pendant plusieurs mois en amont, sur plusieurs milliers de kilomètres.

Est-ce que j’en suis capable ? Elles se sont toutes, à un moment, questionnées sur leurs capacités. Car l’ultra distance a ce petit quelque chose d’accessible… et en même temps hors du commun. Un effort intense, qui puise au plus profond de soi. Et pourtant, « même si elles se mettent souvent beaucoup de barrières, les femmes ont des atouts physiologiques indéniables ! », avance Camille Sohier, ultra-cycliste et préparatrice mentale, « à condition de se faire confiance ». Cette confiance peut venir avec le temps, l’expérience, la gestion, « je prépare chaque course avec minutie, j’ai un tableau excel hyper précis des points de ravito, etc., ça enlève une charge mentale énorme pendant la course », explique Camille Albisser, spécialiste de la discipline.



Elle peut aussi être facilitée, par des conditions d’inscription, une solidarité entre les participantes. « Le "lien secret" que se transmettent les femmes sur la Desertus Bikus est ce qui m’a poussée à m’inscrire », confie Lucie Lenne, nouvelle venue dans l’univers de l’ultra. Un événement qui enregistrait cette année une participation record de +40% de femmes, grâce aux facilités mises en place par l’organisation. Des conditions favorables, mais aussi une couverture médiatique qui encourage « on aura réussi quand la visibilité des femmes ne sera plus le main focus car c’est ça aussi l’équité, pas de discrimination positive ou négative, tout le monde sur un même pied d’égalité ! », conclue Jennifer Nguyen, photographe.


Autant de preuves que les barrières tombent, à condition de créer les bonnes conditions. Si avancer c’est oser, alors le vélo ouvre la voie…


Crédits photos : ©CYFAC

 
 
 

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