CyclAvenir, le vélo pour toutes
- Karine Lassus
- 2 déc.
- 3 min de lecture

Il y a des projets qui, dès les premiers échanges, s’imposent comme une évidence. cyclAvenir fait partie de ceux-là. J’ai rencontré Maryline Robalo et Fatima Tounsi en septembre, en préparant la soirée Femmes, Vélo & Libertés. Leur énergie, leur vision et leur engagement m’ont immédiatement convaincue : ce qu’elles construisent n’est pas seulement un programme autour du vélo. C’est une démarche d’émancipation, de confiance en soi, de mobilité retrouvée pour des femmes majoritairement issues de quartiers prioritaires, souvent en situation de précarité. Un sujet qui me tient à cœur et pour lequel j’ai décidé de m’engager, je vous explique pourquoi.
Le vélo, synonyme de liberté
Comme souvent dans le milieu associatif, le projet commence par une histoire d’amitié. D’un lien entre cinq femmes de l’écosystème vélo, d’une envie d’agir en faveur des personnes exilées. Nous sommes en 2018 : le contexte est tendu, les dernières tentes du canal Saint-Martin sont démantelées. Dans leurs recherches, le petit groupe découvre Bike Bridge, une association allemande qui accompagne des réfugiés grâce à l’inclusion par le sport.
A l’initiative du projet, un constat qui marque : les femmes réfugiées occupent peu les espaces extérieurs. Une étude menée par Bike Bridge montre que le vélo peut être une clé d’émancipation. En apprenant à pédaler, ces femmes réapprennent surtout à se déplacer, à se réapproprier la ville, à reprendre leur place, leur liberté.
Rendre la culture vélo accessible
Séduites par l’idée, les fondatrices se rapprochent de vélos-écoles en France et lancent un premier programme « En S’Elles, le vélo pour toutes », en partenariat avec France Terre d’Asile. Mobilité, loisirs, sport, rapport au corps en mouvement… tout est abordé. « Il était important pour nous d’aborder le vélo de manière systémique et décloisonnée, d’amener la culture vélo dans toute sa diversité, d’ouvrir les horizons », explique Maryline, co-fondatrice de l’association.
Le projet pilote est un succès, l’association cyclAvenir naît officiellement en 2020. Peu à peu le projet s’affine : des actions pensées par les femmes, pour les femmes. Non par militantisme, mais parce que le terrain le justifie.
Plus de 500 femmes accompagnées
Aujourd’hui, 98 % des personnes qui poussent la porte d’une vélo-école pour apprendre à pédaler sont… des femmes, majoritairement issues de l’immigration. « On a répondu aux demandes formulées par les travailleurs sociaux, de travailler en non-mixité, au moins au début, pour mettre en confiance ». Apprentissage, perfectionnement, découverte : pendant sept mois, les participantes sont accompagnées de façon progressive, bienveillante.
Plus de 500 femmes ont déjà suivi le programme. Certaines n’avaient jamais eu accès au vélo, empêchées par leur genre, du fait d’un blocage culturel, éducatif, territorial, économique aussi. D’ailleurs dans certains quartiers, le vélo n’est pas perçu comme un signe extérieur de réussite. Le programme vient bousculer ces représentations.
Des bénéficiaires ambassadrices
« Il est important d’avoir des modèles, des réalités différentes derrière le mot « femmes » et le vélo, de façon à ouvrir les imaginaires et les récits », insiste Maryline. On connaît le pouvoir transformateur du vélo sur la ville ; on parle moins de celui qu’il exerce sur les individus. Fatima, désormais co-présidente, peut en témoigner. Elle a suivi le programme en 2022, le vélo a changé sa vie. On lui répétait : « Prenez votre place, imposez-vous ! » Cette phrase est revenue comme un mantra, valable pour la route comme dans la vie, aussi bien personnelle que professionnelle. Le vélo rend visible et légitime sa place dans l’espace public, ouvre un monde de possibles, redonne confiance en soi. Et met des étoiles dans les yeux : « je prends du plaisir à faire du vélo, mon premier voyage à vélo m’a enchantée, je planifie déjà le prochain », sourit Fatima.
Pour en savoir + sur cyclAvenir : Accueil - cyclAvenir
Pourquoi j’ai accepté d’être ambassadrice
Parce que leur démarche répond à un besoin réel : redonner de la liberté à celles qui en ont été privées.
Parce que cyclAvenir agit là où les politiques publiques atteignent parfois leurs limites : au plus près du terrain, dans la durée.
Parce que leur projet fait le lien entre mes deux univers professionnels : la politique de la ville, dans laquelle j’ai évolué pendant 10 ans, et le vélo, un métier-passion.
Comment aider
L’association a besoin de soutien pour poursuivre leurs actions.
Du 2 au 16 décembre, une campagne de dons est ouverte. Vos dons permettront de financer un programme complet d’apprentissage du vélo et de remise en selle pour 12 femmes en situation de précarité, souvent isolées et avec un parcours migratoire difficile.
45€, c’est 1 séance d’accompagnement de 3h. Et après déduction fiscale, cela représente 15 €.
Si vous croyez, comme moi, au pouvoir transformateur du vélo, c’est ici : https://dift.com/cagnotte/karine-lassus
















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